Le High/Low Syndrom

Le High/Low Syndrom, ou syndrome de la diagonale, ou encore position du poulain, est un problème postural très reconnaissable : à l’arrêt ou lorsqu’il broute, le cheval atteint de high/low va systématiquement placer un membre antérieur très en avant, et n’en changera jamais. Pour se déplacer (toujours en broutant), il va amener l’antérieur le plus en arrière à hauteur de l’autre puis replacer l’antérieur le plus en avant dans sa position de « ciseaux » initiale.

Illustration de la position « en ciseaux »

 

Origines du High/Low

Si le cheval est à ce point dissymétrique dans sa posture, c’est soit qu’il a cherché à se soulager d’un inconfort ou d’un choc, soit qu’il y a été contraint.

Un exemple de contrainte : un poulain trop grand par rapport à sa mère va être obligé de se contorsionner pour pouvoir atteindre les mamelles, prenant une position peu commode avec l’encolure vrillée et les antérieurs très écartés.

Dans tous les cas, cette posture fait suite à un blocage important de la première côte. (Illustration d’après « L’Anatomie du Cheval à Colorier » de Maggie RAYNOR)

En se bloquant, la première côte va changer toutes les forces qui s’exercent sur l’épaule et la cage thoracique. En effet, le cheval étant dépourvu de clavicule, les scapulas (omoplates) sont maintenues en place par de puissantes ceintures musculaires qui les relient au garrot et à la cage thoracique. Cette région où se trouve la 1e côte est un véritable carrefour de muscles, de fascias, de tissus conjonctifs, de vaisseaux et de nerfs. Une modification, même infime, de l’un de ces éléments va avoir un impact sur tous les autres.

Une première côte bloquée va donc être inconfortable car elle empêche la bonne mobilisation de l’épaule, mais va également étirer et comprimer des éléments fragiles, comme les vaisseaux sanguin ou le complexe plexus nerveux qui innerve les membres antérieurs, ce qui amène à terme à une congestion et une inflammation de la zone.

Pour supporter la douleur provoquée, le cheval va prendre des positions antalgiques en rigidifiant les muscles de la zone, réduisant la possibilité de mouvements. Le membre va moins bouger, restant très en arrière, augmentant la congestion, et un cercle vicieux s’installe. Pour garder son équilibre, le cheval va être obligé d’amener son autre antérieur très en avant. Et on se retrouve avec un high/low syndrom.

 

Conséquences du High/Low

Premier constat : si les deux membres ne sont pas positionnés pareil, et ne peuvent pas non plus se mouvoir de la même façon, il va y avoir des dissymétries dans la musculature, notamment au niveau des épaules et des muscles pectoraux.

Mais, puisque le cheval est un quadrupède, une modification à l’avant entraine une adaptation à l’arrière : en mettant moins de poids sur un antérieur pour le soulager, le cheval va surcharger le postérieur en diagonal, pouvant provoquer des blocages ostéopathiques par compensation. Le schéma corporel entier est donc modifié.

Deuxième point : cette posture entraîne des modifications au niveau des pieds.

  • le pied « en avant » sera « low », c’est à dire qu’il sera plat, avec une pince longue et migrée, les talons bas, l’arche interne basse
  • le pied « en arrière » sera « high », donc plus haut et plus serré

Cette modification de la forme des pieds boucle une nouvelle boucle : quand on place les deux pieds côte à côte, on voit bien que leur hauteur est différente, donc que les paturons ont un angle différents, les boulets ne sont pas à la même hauteur, les coudes sont sorti pour l’un et rentré pour l’autre et les épaules ne sont pas non plus à la même hauteur.

Il faut donc qu’ostéopathe et maréchal/pareur travaillent de concert pour équilibrer le corps en fonction des pieds et les pieds en fonction du corps !

Pour aller plus loin :

Le High/Low Syndrome ou hi/lo ou Position du poulain ou Syndrome de la diagonale.


Cas cliniques

CAS 1 – Ju’

Ju’ est un cheval de sport de 16 ans ayant fait du CSO à bon niveau.

Elle a changé de propriétaire, changé de vie et s’est retrouvée au pré et pieds nus. Le fait de lui enlever ses fers a permis de mettre en évidence son high/low syndrom qui était présent depuis des années.

Dans son cas, ce syndrome est provoqué par la première côte gauche qui s’est bloquée en inspiration, empêchant le mouvement en avant de l’antérieur gauche. Au fil d’années de compensation, elle se retrouve avec un schéma corporel construit autour de ce handicap : le poids de l’avant-main est porté par l’antérieur gauche placé sous la masse, l’antérieur droit étant laissé devant et, pour équilibrer, le postérieur droit est placé en avant et porte la majorité du poids de l’arrière-main.

Mais cette première côte, bien qu’elle soit la clé du problème, n’est pas la seule fautive : au fil des séances d’ostéopathie, trois blocages persistent : lATM* gauche, la première côte gauche et la coxo-fémorale* gauche.

En travaillant les différents plans, couches par couches comme on épluche un oignon, on a fini par découvrir que le premier blocage était en réalité la hanche, bloquée en compression il y a des années de cela, ce qui a fini par surcharger l’épaule gauche.

A l’aide d’étirements spécifiques et d’un suivi ostéopathique adapté, on a fini par obtenir des résultats encourageants : Ju’ ressortait de chaque séance avec une inversion de ses appuis qu’elle changeait plus régulièrement dans les semaines qui suivaient. Ses pieds se sont également améliorés au fur et à mesure des parages.

*ATM : Articulation temporo-mandibulaire ; c’est elle qui permet d’ouvrir et de fermer la bouche

*Coxo-fémorale : articulation de la hanche

 

CAS 2 – Sultan

Sultan est un jeune galopeur réformé d’à peine 4 ans.

Chez lui également on retrouve une première côte bloquée à gauche. Cependant, le membre qu’il porte en avant n’est pas le droit comme on pourrait s’y attendre, mais le gauche !

Lors de la première séance, son état général n’était pas au mieux et son syndrome très marqué au niveau de sa posture mais beaucoup moins au niveau des sabots.

Un mois plus tard, il avait repris physiquement et l’écart entre ses antérieurs était plus réduit puisqu’il arrivait même à poser ses pieds à la même hauteur. Un gros travail a été fait sur l’épaule gauche (et la côte) car cette zone douloureuse provoquait des compensations sur le côté droit.

Une troisième séance a été faite après 3 mois : il se tient beaucoup plus facilement au carré et les dysfonctions sur son côté gauche ne sont plus que des traces !

Est-ce parce que le blocage de la côte était très ressent qu’il soulageait en priorité le membre de ce côté ? Affaire à suivre …